Creusot info du Le mercredi 30 mars 2011
La mort du jeune lycéen, originaire de Torcy, est épouvantable. Les enquêtes vont devoir répondre à de multiples questions.
Les accidents du travail peuvent malheureusement être mortels. Et ces derniers mois et semaines en ont malheureusement apporté la preuve. Ce mardi matin à Montceau, c’est un élève du Lycée Françoise Dolto de Montceau qui est mort dans un accident du travail. Loïc Lamboeuf avait 19 ans et toute la vie devant lui. Il était domicilié à Torcy où la nouvelle de sa tragique et horrible disparition a été comme un choc.
Loïc avait effectué une scolarité appréciée dans les écoles de Torcy. Après ses années Collège aux Epontots, Loïc avait donc décidé de préparer un bac Pro «Hygiène et Environnement». Et c’est dans le cadre du stage obligatoire, compris dans la scolarité, qu’il a trouvé la mort. Dans des circonstances insoutenables, puisque le jeune torcéen est tombé dans un bassin de décantation où il a est mort autant d’étouffement que de noyade.
Les sapeurs pompiers de Saône-et-Loire ont mis plusieurs heures à pouvoir retrouver sa dépouille mortelle.
Les premiers éléments de l’enquête menée par les Policiers de Montceau accréditent l’hypothèse de l’accident. Mais celui-ci n’est pas sans poser de questions.
Selon les informations que nous avons pu collecter, l’entreprise Veolia, pour le compte de laquelle Loïc Lamboeuf effectuait son stage, lui avait demandé en début de matinée de nettoyer des grilles au-dessus d’un bassin de décantation.
Ces grilles, se présentant sous la forme d’un caillebotis, étaient instables et peut-être vétustes. En effet, tout donne à penser que l’une d’entre-elles a cédé quand le lycéen s’est avancé pour les nettoyer au jet d’eau.
Les enquêtes de Police autant que de l’inspection du travail, devront déterminer si ces grilles étaient armées, bien installées et en suffisamment bon état pour recevoir une charge humaine. Devra également être posée la question de la sécurisation de l’opération, dans un environnement dont le drame montre et prouve qu’il était dangereux.
La deuxième question qui vient à l’esprit concerne les conditions dans lesquelles Loïc Lamboeuf est tombé et a trouvé la mort. Selon les premières informations qui nous ont été communiquées, c’est un employé de Veolia qui ne voyant pas le stagiaire s’est posé la question de savoir où il pouvait se trouver. Les tentatives d’appel sur son téléphone s’étant avérées infructueuses, l’alerte a été donnée pour faire venir les secours et entreprendre des recherches. Tout donne donc à penser que le stagiaire était seul et sans surveillance. C’est sans doute aussi pour cela que sa chute a été fatale.
Ce drame montre, malheureusement, que même un stage scolaire peut s’avérer extrêmement dangereux. Le jeune torcéen l’a payé de sa vie. A l’automne dernier, en Côte-d’Or, un jeune stagiaire avait eu les deux jambes coupées dans un autre accident du travail.
Gageons que le Parquet de Chalon-sur-Saône va charger les enquêteurs d’explorer toutes les zones d’ombre pour déterminer avec précisions les responsabilités. Toutes les responsabilités.
TORCY : Le chagrin et la colère des parents de Loïc Lamboeuf
Creusot info du Le Jeudi 31 mars 2011
Abattus, anéantis par la disparition de leur fils, mardi à Montceau, les parents de Loïc Lamboeuf veulent savoir. Ils veulent savoir pourquoi Loïc a été arraché à la vie à cause d’un accident du travail qui n’aurait pas dû arriver. C’est ce que dit Bernard Lamboeuf, qui s’est confié à «creusot-infos».
Ses parents, sa sœur, sa famille, ses amis, vivent un véritable cauchemar. Elles et ils sont sous le choc de la tragique et insoutenable disparition de Loïc Lamboeuf, mort étouffé et noyé, mardi matin, dans un bassin de décantation de la station d’épuration de Montceau, gérée par Veolia, juste à côté de la centrale thermique de Lucy 3
En terminale Bac Pro «Hygiène et Environnement» au Lycée Françoise Dolto à Montceau, Loïc Lamboeuf était la joie de vivre. Discret, il avait traversé sa scolarité en se faisant remarquer pour son travail et pour sa gentillesse. Pas spécialement sportif, il adorait cependant pratiquer la natation l’été et il avait aussi et surtout la musique dans la peau.
Il voulait devenir infirmier
Dans le cadre de sa formation, il avait intégré avec plaisir l’entreprise Veolia pour effectuer son stage. «Il alternait entre la station d’épuration de Montceau et celle de Torcy. Il nous avait dit préférer celle de Torcy», explique un membre de sa famille. Ne manquant pas de souligner que le garçon, très attentif à tout ce qui l’entourait, se destinait à devenir infirmier. «Il avait d’ailleurs effectué, l’été, des missions en hôpital et cela lui plaisait de servir et aider les autres».
Il ne réalisera jamais son rêve. Mardi 29 mars au matin, il a perdu la vie dans des circonstances atroces. Depuis ses parents, sa sœur Noémie, sa famille, ses amis sont hantés par des questions. Des questions pour l’instant sans réponses. Des questions qui nourrissent leur colère.
«Ils ont osé nous dire que c’était, pour ainsi dire, la faute de notre fils»
«Des gens de Veolia sont venus, mardi soir à notre domicile à Torcy, pour nous présenter leurs condoléances. C’était bien le moins. Mais le pire c’est qu’ils ont osé venir nous déclarer que, pour ainsi dire, l’accident était la faute de notre fils. Ils ont osé nous dire cela alors que les enquêtes sont en cours. C’est inadmissible, intolérable. Avant de partir, la seule chose qu’ils nous ont proposée, c’est l’assistance d’un psychologue…», lâche Bernard Lamboeuf, le père de Loïc.
Alors que son épouse Marie-Noëlle, assistante dans un cabinet dentaire au Creusot, est anéantie de chagrin, Bernard essaye de faire front malgré la douleur. «Les gens de Veolia nous ont dit que Loïc avait été prévenu qu’il ne devait pas aller au-delà d’une certaine limite. C’est n’importe quoi, puisque cette passerelle était faite pour circuler. Et puis, soit l’endroit était dangereux et il fallait l’interdire. Soit il ne l’était pas. Et il était dangereux, puisque les sapeurs pompiers se sont attachés pour ne pas risquer de tomber et eux aussi sombrer !»
«Loïc aurait dû être attaché et surveillé»
Formateur sécurité chez AREVA au Creusot, Bernard Lamboeuf sait de quoi il parle. «La sécurité, dans chaque entreprise, ça doit être le cheval de bataille. C’est vrai qu’un accident peut arriver. Mais là au-delà de l’accident, les négligences sont grandes. Déjà Loïc aurait dû être attaché, pour être sécurisé. Et puis il aurait dû être surveillé. On n’aurait jamais dû le laisser seul. C’est trop facile de dire ou de laisser croire qu’il s’est mis en faute. C’est inadmissible».
Avec le recul, le père de famille, meurtri, se remémore les premiers jours du stage de Loïc chez Veolia. «Quand il a commencé à Montceau, on ne lui a fourni ni casquette de sécurité, ni casque de protection. C’est moi qui lui ai fourni un casque. C’est seulement la deuxième semaine, quand il est venu sur la station de Torcy qu’on lui a fourni une protection pour la tête. Cela aussi ce n’était pas normal».
«Partir à 19 ans pour découvrir un métier et ne pas revenir c’est insupportable»
Les parents dans leur douleur, ont déposé plainte contre x. «On veut savoir. On veut qu’on nous dise pourquoi et comment cela a pu arriver. Partir à 19 ans pour découvrir un métier et ne pas revenir, c’est insupportable. Ce ne devait être qu’un stage et Loïc est mort. Dans des conditions atroces».
Le quartier de la résidence du Lac à Torcy est depuis mardi sous le choc, comme tous ses amis lycéens ou pas qui pleurent ce jeune adulte dont les yeux brillaient à l’idée d’entrer dans la vie professionnelle, dans l’idée de s’accomplir. «Il avait réussi son code et il était en train de passer son permis de conduire. Une voiture l’attendait. Il ne la conduira jamais. C’est trop injuste…» lâche un oncle, avec beaucoup de douleur dans les mots.
Alain BOLLERY
APRES L'ACCIDENT DU TRAVAIL MORTEL D'UN LYCEEN A MONTCEAU : «Loïc n'a pas été laissé seul que quelques instants»
Creusot info du Le vendredi 1er avril 2011
Les parents de Loïc Lamboeuf se sont rendus sur les lieux du drame. Et leurs convictions ont été renforcées quant aux responsabilités de l'accident du travail mortel dont leur fils a été la victime. Le témoignage de son papa est catégorique. «Si Loïc n'avait pas été seul, il n'aurait pas perdu la vie».
C'est dans ce magma de boues que Loïc Lamboeuf a perdu la vie